L'histoire de la voyance : du moyen âge à nos jours

Née en même temps que l’Homme – ou presque - cette dernière était, depuis la nuit des temps, intrinsèquement liée à l’histoire des civilisations. De l’Antiquité avec les influences égyptiennes et grecques, à la période romaine, nombreux sont les noms mais aussi les méthodes qui sont arrivées jusqu’à nous.
Si jusqu’alors nous constations qu’il était tout à fait normal pour la population et les élites de faire appel à des devins, voyants et médiums, qu’ils se servent ou non de supports divinatoires, que les croyances et prédictions étaient « banalement » inscrites dans le quotidien, nous allons voir qu’avec l’arrivée du Christianisme s’ouvre une nouvelle ère et une nouvelle façon de percevoir la voyance...
 
Une nouvelle ère pour la voyance
De païen, l’Empire Romain devient chrétien et avec la christianisation arrive également l’interdiction. Constance II condamne, en 341, les devins à la peine capitale. Dès lors, il n’est plus question de faire appel à la science divinatoire de façon visible. Un concile (celui d’Agde) en 506 établi même une liste de ce qui se rapporte comme divination. Y sont classés les augures, les sorts, les songes. Est ensuite ajouté la magie définie par les haruspices, les pythonisses, astrologues. Enfin, un 4ème concile de Tolède en 633 distingue néanmoins les magiciens des devins.
En Europe, la voyance est alors considérée comme diabolique. On lui associe pratiques magiques, sorcellerie et les transes deviennent des phénomènes de possession. Une interprétation qui durera d’ailleurs jusqu’au 19ème siècle pour ces dernières. Nombreux sont les exemples de « sorcières » brulées en place publique et de tentative de guérison des possédés par des exorcismes largement théâtralisés.
 
La voyance au Moyen-Age et à la Renaissance
Au cours du Moyen-Age puis à la Renaissance, les premiers à pratiquer la voyance étaient les paysans. Dans la pure continuité des traditions païennes qui peinent à disparaître, traversant les siècles par transmission orale, les paysans cherchaient à déceler les bons et mauvais présages avant une naissance, une récolte ou pour déceler des vagues épidémiques.
Vient ensuite la noblesse qui n’hésitait pas à consulter oracles et astrologues. On peut souligner à titre d’exemple la relation entretenue par la famille Médicis et Nostradamus. Cette période permettra de nouveau à la voyance de se développer parmi les plus hautes sphères du pouvoir. Multiples seront les souverains qui feront appel à ces derniers pour les conseiller et aiguiller. Autant d’exemples qui illustrent parfaitement la relation existant depuis toujours entre divination et pouvoir, et prouvant, si cela était nécessaire, que les croyances servent avant tout les intérêts personnels.
 
La voyance devient un métier
Le 19ème siècle marque un nouveau tournant dans l’histoire de la voyance. De populaire à cachée mais toujours aussi utilisée, elle reçoit un nouveau statut en devant un métier. Les voyants s’établissent avec pignon sur rue et prennent une vraie place dans la société. On la dit rassurante et même guérisseuse. La voyance au 19ème siècle prend une forme plus démonstratrice, plus « folklorique » et instaure une image qui reste encore forte de nos jours. C’est l’arrivée de la boule de cristal et du marc de café. Majoritairement féminins, les voyants sont nommés somnambules, extra-lucides, cartomanciens, sorciers (encore !) et prodiguent leur connaissance dans des salons, des cabarets et se mêlent aussi bien aux illusionnistes qu’aux magnétiseurs. Cette voyance de « spectacle » attire et fascine. Des traités sur la chiromancie sont rédigés vers 1840 et apportent la conviction qu’il est possible de distinguer des capacités intellectuelles et psychiques d’un être humain par les détails de son corps. Une conviction qui prend forme suite à la naissance des différentes sciences naissant à l’époque : anthropologie, ethnologie et phrénologie.
 
La voyance de nos jours
Au 20ème siècle, voyance et astrologie deviennent intimement liées. Les supports utilisés pour réalisés les prédictions puisent tant dans l’ancien que le moderne. On use de tarot, boule de cristal, numérologie, chiromancie, astrologie ou encore graphologie. La voyance fait ses premiers pas dans la presse, et on voit fleurir dans les quotidiens et hebdomadaires les premiers horoscopes. Avec la modernité, la voyance s’intègre également dans les médias naissants : télévision, radio, internet, elle est incontournable. Néanmoins toujours un peu maltraitée, et fréquemment décrédibilisée, elle se renouvelle en s’associant à la psychologie ou encore à la psychanalyse. Popularisée et populaire, nombreux sont ceux qui font appel à un voyant, inconnus ou célèbres, mais elle reste néanmoins plus discrète dans son recours qu’elle ne le fut à ses débuts.


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